Stefania Becheanu travaille depuis 2013 en collaboration avec de nombreuses associations, qui lui permettent de nourrir sa création lors d’ateliers- résidences dans des écoles, des collèges, et aussi hors cadre scolaire. En quête d’une liberté d’expression toujours plus grande et partagée, elle sensibilise les jeunes à l’art contemporain et leur fait découvrir la création sonore. Elle crée avec eux des paysages sonores composés de leur voix, de bruits environnants, dans une perspective de multi- diffusion. Elle cherche avant tout à leur donner les moyens et l’envie de trouver leur propre outil de création pour porter leur voix de façon inédite. Pour ce faire, Stefania s’intéresse à défendre la multi-culturalité et le pluri-langage, dans l’idée que ceux-ci peuvent mener à l’acceptation des différences, au non-jugement et à l’ouverture vers l’autre.
"La pluri-langue, l’hétérolinguisme, la traduction et la liberté d’expression sous toutes leurs formes me préoccupent déjà et s’inscrivent dans les ateliers où je travaille avec des jeunes en situation de migration, de handicap (social, physique), mais aussi avec un public large pour parler des émotions et des expressions. Dans tout ce processus, il m'apparaît aujourd’hui que la langue porte une importance primordiale, bien que je ne l’ai jamais explicité jusqu’à ce jour. Cela fait 10 ans que je suis en France et j’ai appris cette langue en l’écoutant. Tout d'abord elle était juste un bruit sans signification, puis elle est devenue un paysage sonore non enregistré, une matière vibrante et mélodique, une expérience immersive et performative. Même si aujourd'hui je suis aussi française et que mon niveau en langue française est bien mieux, j'ai gardé à la bouche et à l’oreille une construction sonore et compositionnelle. Un musicien indien a qualifié mes observations auditives/ sonores comme une force méditative et de concentration. J’essaye pour ma part de partager pendant mes interventions artistiques non seulement ma force créative mais aussi la force du pluri-langue et d’utiliser des langages, existants ou imaginaires, mais surtout un langage émotionnel. Les fautes, les pauses ou les phrases multilingues ne devraient pas empêcher quelqu'un•e de s’exprimer. Mon travail expositionnel est toujours in situ et à l’écoute de ceux que je rencontre en résidence."