Silence-décomposition
L’art du fragment se pratique et se publie au Québec. Il a pour nomSilence-décomposition. À l’écoute d’une ville (Nota Bene). Ce petit livre exquis coécrit par Pierre-Luc Landry et Stefania Becheanu relate le voyage en Europe des deux auteurs (notamment à Barcelone), le premier étant romancier canadien en mission d’écriture, la deuxième, plasticienne sonore française d’origine roumaine en mission d’écoute. Leurs objectifs communs : étudier le silence afin de le décomposer, raconter les villes par le son, l’image et le mot, construire un livre-paysage. Le résultat est tout simplement fascinant ; une écriture documentaire se développe afin de raconter les villes et l’art, la vie quotidienne et la recherche esthétique, les fractions de vie et de création, dans une constante traversée des frontières nationales, culturelles, linguistiques et artistiques. Les auteurs inventent une architecture propre au livre en ayant recours à l’écriture littéraire, au paysage sonore, à la photographie et à l’essai critique. Par contre, la section visuelle et sonore de l’oeuvre est publiée en ligne afin de « dématérialiser le livre ». Aussi le livre devient-il le fragment de l’oeuvre. Et le fragment se décompose à son tour en journal intime, intermèdes, parenthèses, notes de terrain, exercices d’écoute, installations. « L’oeil cubiste » des auteurs, à la fois lucides et résilients, offre un début de réponse à la fragmentation du monde. Silence-décomposition est un hommage à l’écoute, mais aussi au mouvement. Le mouvement étant la loi qui régit la structure interne de l’oeuvre, qui assemble les fragments de vie et qui invite le lecteur au voyage. https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/520994/la-parole-breve
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